Minoru Mochizuki dans Black Belt en 1980 - Partie 1
Au cours de mes
recherches sur le Yoseikan et Minoru Mochizuki, je suis tombé sur un article de
David Orange Jr dans le magazine Black Belt d’avril 1980. Le nom de David
Orange Jr ne m’était pas inconnu puisqu’il fait partie des rares spécialistes
du Yoseikan et qu’il est très présent sur le web, notamment via e-budo. Je vous
propose aujourd’hui une traduction de cet article.
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AIKIDO : LOST IN TRANSLATION
Trouvé à l’endroit où “ce qui est juste est enseigné » par David Orange, Jr.
Le Yoseikan Budo japonais est un style créé en
1951 par Minoru Mochizuki dans une volonte de combiner ce qu’il considérait
comme les éléments essentiels des différentes formes martiales qu’il avait étudiées.
Insatisfait du chemin pris par le Judo et l’Aikido, il apparut à Mochizuki que
quelque chose était perdu en chemin, alors que les arts martiaux s’exportaient
vers l’occident. Il avait l’espoir de préserver l’essence des budo classiques.
Adoptant les techniques de base et les kata d’Aikijujitsu,
Judo, Karaté et Kobudo, il essaya de créer un style qui offrirait force et
efficacité en combat, et en même temps donnerait au pratiquant un chemin vers
le développement et la connaissance de soi.
Mettant l’accent sur la discipline, le réalisme
des techniques et les attaques défensives, Mochizuki encourageait aussi à
comparer les pratiques. Car, comme il le soutenait, personne ne détient l’art
ultime. L’objectif du Yoseikan Budo était une philosophie dans laquelle l’élève
développe et découvre son propre art martial.
Dans cet essai, l’auteur freelance David Orange Jr
retrace l’histoire et la carriere de Minoru Mochizuki, de sa naissance dans une
dynastie de samurai au Japon à sa maitrise des arts martiaux sous la tutelle
illustre de Jigoro Kano (fondateur du Judo) et Morihei Ueshiba (fondateur de l’Aikido),
a la fondation du Yoseikan , l’art martial qui met l’accent sur l’esprit Zen de
chercher ce qui est vrai pour soi-même.
Né en 1906 dans
une famille de samurai, Minoru Mochizuki étudia le Judo avec Jigoro Kano, le
Karate avec Gichin Funakoshi et l’Aikido avec Morihei Ueshiba. Il est l’un des
plus hauts gradés en Aikido et ces autres grades incluent des ceintures noires
en Jujitsu, Judo, Iaido, Kendo et Karaté.
Dans un effort de
préservation de la force et de l’efficacité des arts martiaux, Mochizuki fonda
le Yoseikan Budo, Yoseikan signifiant l’endroit
où ce qui est juste est enseigné.
« La vérité
ne peut être construite que sur la vérité » disait Mochizuki à un groupe
de pratiquants d’Aikido, Karate et Judo à Montreal, Canada en Mai dernier
(1979) lors de sa première visite en Amérique du Nord. Les vérités de base d’après Mochizuki sont la discipline
et des techniques réalistes. « Les pratiquants d’arts martiaux à qui j’ai parlé
d’Aikido et qui ont vu des démonstrations d’Aikido ne veulent plus en entendre
parler », dit-il. « Pour eux, l’Aikido est l’Aikikai, qui a été le plus diffusé dans le monde. Pour eux, l’Aikido
est déjà la marque de quelque chose de faible et d’inefficace »
En 1925, Jigoro
Kano envoya Minoru Mochizuki et Kenji Tomiki étudier le système martial unique de
Morihei Ueshiba. Kano souhaitait faire de son Kodokan un centre d’arts martiaux
et souhaitait voir les deux hommes enseigner l’Aikijujitsu d’Ueshiba au
Kodokan, ce qu’ils firent par la suite.
Mochizuki et Tomiki
sont, aujourd’hui, les plus anciens élèves de Morihei Ueshiba a toujours
pratiquer les arts martiaux. Les deux hommes reçurent un entrainement complet d’Ueshiba
en Daito Ryu Aiki-Jujitsu, le système qui, après la guerre, devint connu sous
le nom d’Aikido. Mochizuki et Tomiki furent les seuls élèves à qui Ueshiba décerna
le Menkyo Kaiden, certificat de maitrise de l’art. Le certificat de Tomiki fut détruit
par un feu pendant la deuxième guerre mondiale, et donc aujourd’hui, Mochizuki
est le seul homme en possession d’un tel certificat.
Mochizuki se
souvient du jeune Morihei Ueshiba et de ses enseignements d’une facon tres
differente de la plupart des pratiquants d’Aikido moderne qui ne connurent que
l’homme plus âgé. « Ueshiba réfléchissait, en vieillissant, a comment
rendre l’Aikido plus simple pour que les gens puissent s’en servir comme d’un
exercice physique ». Mais Mochizuki met en garde « La façon de faire
de l’Aikido de Ueshiba fonctionnait pour Ueshiba, mais dans notre cas, nous
sommes des hommes normaux et personne ne peut obtenir sa force en le singeant ».
Indiquant les
pratiquants d’Aïkido qui projettent d’une main en imitant Ueshiba, Mochizuki
insiste sur le fait que pour eux une telle technique est irréaliste. Il se
souvient notamment de la saisie surhumaine d’Ueshiba. « Quand Ueshiba
attrapait votre poignet », dit-il, « il y avait déjà un hématome. Sa
main était comme un étau. »
Mochizuki s’entraina
très dur à écraser des choses avec ses mains mais ne développa jamais une
saisie comme celle d’Ueshiba. Mochizuki devint capable de couper la circulation
du sang et de rendre la main d’un homme complètement blanche, mais il ne put
faire plus. « Ueshiba, » dit-il, « pouvait briser un poignet
juste en le saisissant ».
Mochizuki
admirait Ueshiba mais avait ses propres idées quant au but des arts martiaux.
Quand Ueshiba lui demanda de prendre la direction de l’Aikikai dont
Mochizuki était déjà le directeur technique, Mochizuki dut refuser. «Ueshiba était
en train de tout changer », explique-t-il. « De plus Kisshomaru était
son fils ».
Mochizuki refusa
les sponsors pour rester hors de toute influence extérieure, et alors que
Kisshomaru Ueshiba avait étudié les affaires à l’université, Mochizuki ne
voulait pas s’impliquer dans des questions financières.
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