L'Aiki et le Kiai - Partie 1
Suite à la
traduction de l’article de David Orange Jr. sur le Yoseikan, je vous propose
aujourd’hui une traduction d’un autre de ses articles, paru en décembre 1981
sur l’Aiki et le Kiai.
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Aiki-Kiai
La voie du milieu par David Orange, Jr.
L’Aiki et le Kiai
ne sont pas aussi différents qu’on peut le croire, ils ne sont cependant pas
interchangeables. Ils ne sont « ni un, ni deux », comme tout le reste
dans la tradition Zen.
Considérez le
fait que ces deux mots sont les combinaisons transposées des racines ai et ki. Le fait qu’ils soient combinés dans des sens opposés altère
leur sens, mais les lie également. Regardons ai et ki séparément et leurs
combinaisons en aiki et kiai.
Le Ki est un
concept merveilleux, mais très dangereux et il est souvent mal compris et
utilise de façon irresponsable. L’idéogramme de Ki est le même que celui du
chinois Chi. Ses deux radicaux
représentent un poêle avec du feu dedans et de la vapeur qui s’élève. Vous
pouvez presque l’entendre s’échapper « sheeee ». De même le son du Ki
est légèrement sifflé. Les deux idées sont liées a la respiration, la vapeur,
l’énergie ou la puissance.
« Comme la force Aiki est exercée sur un
vecteur via un mouvement circulaire, moins d’efforts sont nécessaires pour une
puissance équivalente ou supérieure »
« Au Japon, le Ki fait partie de la vie quotidienne, « dit Patricia Saiz, présidente de la United States Yoseikan Budo Association. Saiz a visité le centre mondial du Yoseikan Budo à Shizuoka, Japon durant l’été 1980, et a passé son 2e dan devant Minoru Mochizuki, le fondateur du Yoseikan Budo. Les voyages de Pat lui ont appris la subtilité du Japonais, et elle explique « La bas ils n’en font pas toute une histoire. Ca n’est pas séparé de la vie de tous les jours. »
Le Ki est littéralement « naturel comme la
respiration ». Malheureusement, en Amérique, des charlatans ont détourné
cette idée dans un but plus glamour. En faisant cela, ils ne se sont pas
seulement fait du mal à eux-mêmes, mais aussi à l’image publique des arts
martiaux, et au développement d’un groupe nombre d’étudiants. D’apres Minoru
Mochizuki, « Le Ki est l’inspiration ».
Le dictionnaire de poche Webster définit l’inspiration
comme, entre autres choses, « l’inhalation ». Ceci confirme l’idéal
du Ki comme étant la respiration, et en regardant de plus près, nous allons
voir que Aiki et Kiai sont tous deux « naturels comme la
respiration ».
Mais tout d’abord, nous devons regarder ai. Représente
par l’idéogramme chinois ho, le
concept de ai est lie à l’harmonie, ou à la correspondance. Les deux radicaux
de l’idéogramme montrent des éléments s’équilibrant. Sa signification,
dépendant, est subtilement modifiée par sa position relative aux autres mots,
comme les bœufs-avant-la-charrue ou la charrue-avant-les-bœufs. Bien sûr, si ce
premier exemple est ridicule et un symbole célèbre d’un état arriéré, ai peut
au contraire être utilise avant ou après ki et conserver un sens parfaitement
valide. Par exemple, considérez shiai,
dans le sens d’un combat de Judo. Avec ki en revanche les deux constructions
possibles sont aiki et kiai.
D’abord, regardons kiai. D’après le docteur Glenn Plack,
directeur technique de la US Yoseikan Budo, kiai signifie « entrer
subitement et briser le ki de l’adversaire, ou son esprit. » Cette brisure
peut être réalisée par un cri puissant et strident qui, de même qu’un pic à
glace qui percute la glace pénètre la psyché de l’adversaire et lui envoie une
onde de choc à travers tout son système interne. Alors que ces ondes de choc se
diffusent, la technique physique complète les effets psychiques, neutralisant
sa puissance physique.
Mais le Kiai reste un phénomène naturel. Un petit enfant
utilisera sa respiration naturellement dans tous ses mouvements. Si vous
interférez avec ces progrès, il grognera et criera et poussera encore plus
fort. Il en ira de même pour un attaquant adulte.
Le Kiai n’est donc pas un concept intellectuel éloigné,
mais plutôt la description d’une occurrence naturelle. Mais le Kiai est
beaucoup plus qu’un simple cri. La posture, la projection de la personnalité et
la portée générale peuvent parfois vaincre un attaquant potentiel à un niveau
interne inconscient – c’est le Kiai.
Le Kiai peut même se produire dans le cadre des affaires
d’après Patrick Augé. « Les hommes d’affaires japonais, s’ils ont eu une
bonne réunion, pourront partir en disant, ‘c’était une bonne réunion – il y
avait du Kiai,’ » note-t-il. « Cela fait partie de la vie
quotidienne, pas uniquement des arts martiaux ».
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