Jim Alcheik, karatekas et guerre d’Algérie
Je m’intéresse à l’histoire du Nihon Tai Jitsu ainsi qu’à celle de l’Aikido Yoseikan depuis longtemps. Si les liens techniques et historiques entre ces écoles ne font pas de doute il y a pourtant toujours un flou autour de la période Jim Alcheik. Si ce dernier est cité dans l’historique officiel du Nihon Tai Jitsu, les informations le concernant restent discrètes. On sait qu’il a passé deux ans et demi au Yoseikan, qu’il a été le premier à enseigner l’école du Me Mochizuki, qu’il était 3e dan de Judo et qu’il est mort dans un attentat pendant la guerre d’Algérie avant que Me Hernaez prenne sa relève. On s’arrête donc aux grandes lignes et il est difficile d’en savoir beaucoup plus.
Il y a quelques
mois, Fred m’a montré un Budo Magazine de 1966 qui contient un peu plus d’informations.
Cet article m’a fait réaliser que malgré la reconnaissance dont il jouit
aujourd’hui et ce que son travail a permis, il n’avait que 31 ans quand la mort
l’a fauché. Je vous en retransmets un passage ici.
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L’affaire Ben-Barka
et le Judo-Karaté
On parle du
Karaté dans l’affaire Ben-Barka, a l’occasion d’une interview de Me Lemarchand,
avocat de Figeon, qui avait organisé en 1962 une action anti OAS à Alger. Il
avait engagé à cet effet un Karateka-Aikidoka bien connu à Paris, Jim Alcheik
(qui avait fait venir Hiroo Mochizuki) pour recruter 25 hommes de main ayant
tel « James Bond » mission de tuer. Alcheik avait choisi bon nombre
de ses élèves dont la moitié vietnamiens. Mais si Alcheik, d’origine turque,
pouvait passer inaperçu au milieu des algériens, il en était différemment des
vietnamiens. Rapidement on prit l’habitude chez les OAS de tirer a vue sur tous
les yeux bridés. Le groupe se refugia dans des villas… que l’on fit sauter 2
fois sans dommage, et sur lesquelles on tira même au canon. Mais Alcheik qui
avait tenté d’imprimer lui-même a Paris une revue Judo, fit venir sa presse à
Alger pour l’impression de tracts et d’affiches. En douane elle fut fortement piégée
et quand Alcheik et ses élèves déballèrent la machine à la villa El Biar, tout
sauta. Il fut tué avec 17 amis. On a dit que la bombe avait été placée par un
membre du SDECE. D’autres moururent par la suite. 12 furent rendus à leur
famille, puis 3 autres (Cherroux, Clauzure, Gauthier) après un certain scandale à l’enterrement ayant été assez hâtif. Il y en eut 8 autres anonymes et sans
famille (Paggi, Veillard) qu’il fut impossible d’identifier. Cette
participation de Karatekas français lors des évènements d’Algérie resta ignorée
du grand public.
Jim Alcheik est
maintenant inconnu des jeunes ceintures noires de Karaté et Aikido puisque son décès
remonte à 5 ans. Il est bon de rappeler la mémoire de cette figure pittoresque.
Il fut un des premiers élèves de Minoru Mochizuki. Il se rendit au Japon pour séjourner
chez ce Maitre bien connu dont le fils Hiroo est maintenant fixé en France. En se
battant il avait tué accidentellement son adversaire et ayant quitté la Tunisie
il avait décidé de se faire oublier en étudiant Judo et Aikido plusieurs années
au Japon chez le Maitre Minoru Mochizuki. Il s’était mis un an avant son retour
à l’étude du Karaté et avait même ecrit une petite brochure de karaté ou l’on
peut voir le style Shito du Yoseikan. Revenu en France, il avait monté un grand
Club avenue Parmentier a Paris, prenant une place importante dans le Budo français
(notamment en Kendo). La mort le faucha en plein succès. Il avait près de 30
ans et était un garcon vif, très actif et charmant, 3eme dan Judo, 4eme dan
Aikido, 2eme dan Karaté, 2eme dan Kendo. Nous le regrettons.
Commentaires
lezard39
c'est assez rare de trouver des pratiquants qui ont creusé l'histoire de Jim Alcheik.
C'est quelque part grâce à lui que nous avons pu avoir la chance des années plus tard de recevoir le père Mochizuki.
Pour autant, je vous invite à prendre du recul par rapport aux informations que vous avez récupéré et que vous publiez ici.
Vous pourriez par exemple plutôt creuser du côté des commandos delta...
Cordialement,
x
:-)
Attikamek
Jim Alcheik a serte joué un rôle important dans les arts martiaux.
Il a également joué un rôle bien moins glorieux en tant que Barbouze.
Sous le nom de code "LASSUS" il aurai recruter des asiatiques fortement qualifiés dans les arts martiaux pour former le commando "Talion".
L'objectif était l'annihilation de la propagande "OAS" à n'import quel prix.
Kidnappings, tortures, charges de plastic aux points de ralliement des sympathisants de l'OAS…
Lors de fouilles en 1968 une trentaine de squelettes ont été découvert dans le jardin de la fameuse villa.
Suite à l'attenta de l'imprimante piégé, trois hommes détenus et torturés ont put s'en sortir vivant et témoigner :Jacques Gosselin, Henri Virent et Alexandre Tislenkoff.
Pour ma pare je ne pense pas que Jim Alcheik soit homme à regretter.
Au 62 avenue Parmentier nous avons travaillés sous son autorité avec passion et son depart nous à tous bouleversés.
Jean-Claude C....
D'autre part aucune motivation politique dans son action barbouze.
C’était un fabuleux Karatéka
En 1962,lorsqu’il est mort a à Alger brutalement il nous fut précisé que les services de l’armée française lui avaient rappelé leur aide a à TUNIS en 1956 où il avait eu un grave problème avec les autorités Tunisiennes suite à une bavure
Il avait été rapatrié
Et lors des attentats de l’OAS IL fut obligé de partir avec des élèves vietnamiens pour gêner les actions de DEGUELDRE
IL FUT remplacé au judo club république 62 avenue Parmentier PARIS 11ème par maître Van Nam puis par R Cocatre
Il fut repéré et reçu un colis piégé - une photo copieuse - qui explosa &à l’ouverture
Triste histoire et grands regrets
Rétablissons les faits sur ses origines. Joseph Jim Alcheik est né le 5 juin 1931 à Duperré en Algérie de parents juif Algériens naturalisés Français, Son père a d’ailleurs été décoré pendant la guerre 14-18. Les grands parents maternels et paternels sont aussi nés en Algérie de même que ses arrières arrières grands parents.
La famille de Jim quitta l’Algérie pour Paris en 1937 dans un climat très austère aux Juifs Algériens. Arrivé à Paris, le père de Jim acheta aussitôt un petit local rue des Vinaigriers où il eu commerce quelques années pour ensuite ouvrir un autre commerce non loin de là, avenue Parmentier. Quelques années plus tard Jim ouvrit son dojo Club MOCHIZUKI, aidé par les membres de sa famille (Jean Blanc, Robert Elgui) sur la même avenue, au 62 Parmentier.
Je m’arrête ici,
Merci pour cet excellent article