Quelques réflexions sur la marche
La marche est une des activités
humaines les plus basiques et les plus partagées. Dès notre plus jeune
âge et à partir du moment où nous sommes capables de nous déplacer, la
marche remplace tout autre mode de locomotion
non véhiculé et fait donc partie intégrante de nous. Les façons de
marcher en revanche divergent, et on pourrait presque dire qu’il y en a
autant que de personnes, puisque nous construisons tous des « patterns »
reconnaissables de loin.
La marche dans les arts martiaux
est aussi un sujet crucial et de nombreux arts « internes » se penchent
sur la question. Dans les arts chinois on pensera immédiatement au
Bagua, connu pour ses marches en cercle interminables
autour d’un arbre, mais des arts comme le Tai Chi se penchent aussi
clairement sur la question, et les exercices de marche au ralenti sont
monnaie courante. En Systema, dans le récent stage auquel j’ai
participé, nous avons également effectue de nombreux exercices
de marche, rapides et lents, sans consignes particulières en ce qui
concerne le mouvement si ce n’est de ressentir ce qu’il se passait et de
coordonner la marche à la respiration. Quant à l’Aunkai tous les
pratiquants le savent, on apprend à « se tenir debout,
marcher, s’asseoir ». Pourquoi la marche est-elle essentielle ? Tout
simplement parce qu’il faut être capable de déplacer sa structure de
façon optimale lors d’un affrontement comme dans la vie.
Différentes façons de marcher
Il existe de nombreuses façons de
marcher, comme je l’ai dit auparavant. En revanche la plupart des gens
suivent un pattern plus ou moins similaire : le pied d’appui pousse dans
le sol, ce qui a pour effet de monter le centre
de gravité, l’autre pied reçoit, en général par le talon (a fortiori en
chaussures) et déroule jusqu’à la pointe du pied avant de recommencer.
En parallèle, la colonne vertébrale se vrille, le bras droit et la jambe
gauche avançant en même temps, et réciproquement,
ce qui amène a un raccourcissement d’une ligne myofasciale latérale à
chaque pas en alternance.
La marche arrière diffère
notablement, parce que jusqu’à preuve du contraire nos chevilles, genoux
et hanches ne sont pas des articulations symétriques. Ce qui a pour
effet qu’il est difficile de pousser dans le sol en marche
arrière. La hanche retire la jambe, le centre de gravité reste sur la
même ligne. Si on pousse le même individu lorsqu’il marche vers l’avant
ou vers l’arrière, on s’aperçoit que son équilibre est nettement plus
précaire en marche avant qu’en marche arrière.
Ce qui explique notamment pourquoi je marche vers l’avant comme si je
marchais vers l’arrière, entre autres bizarreries que j’expliciterai
plus bas.
En schématisant, une marche habituelle ressemble à ça :
J’ajouterai que des individus plus
jeunes auront tendance à avoir un centre de gravité qui monte et descend
à chaque pas, alors que des individus plus âgés dont les hanches sont
moins puissantes auront tendance à transmettre
leur poids latéralement d’une jambe à l’autre de façon plus visible.
Depuis plusieurs années, on me
demande régulièrement si je boite. Question que j’ai toujours trouvée
bizarre... jusqu’à cette semaine. Entendons-nous bien, je ne boite pas.
Quand on boite, on met en général plus de pression
sur un pied que l’autre pour compenser une douleur ou une longueur de
jambe différente. Ca a pour effet de clairement modifier la hauteur du
centre de gravité et souvent d’encourager une vrille du haut du corps.
Or, je garde mon centre de gravité au même niveau
autant que possible, et je garde la « box » (intérieur des
épaules/intérieur des hanches) intacte, donc je ne vrille pas le torse.
Pourquoi donc ce commentaire récurrent ? Parce que mon « pattern » ne
correspond pas à une marche habituelle et qu’il surprend
suffisamment pour qu’on se demande si j’ai un problème. J’en ai discuté
avec quelques personnes qui m’ont confirmé qu’elles avaient noté que
mon pattern était différent, mais surtout parce que je me déplace de
façon droite/raide/rigide. En fait comme une planche
de bois qui fait une translation horizontale.
Comment est-ce que je marche ?
J’utilise en réalité plusieurs
patterns différents, selon mes recherches du moment, et je considère la
marche comme un entrainement comme un autre, facilement accessible, et
possible à tout moment de la journée. Quel que
soit le pattern utilise, je cherche à :
- maintenir le niveau du centre de gravite
- ne pas pousser dans le sol et limiter l’engagement des jambes dans le mouvement
- maintenir la « box »
- ne pas lutter contre la gravité
Apres cette conversation en début
de semaine, j’ai observé les gens dans la rue et essayer de marcher
comme eux pour sentir la différence. La majeure différence ressentie
venant en l’occurrence des jambes, beaucoup plus
engagées dans le mouvement. J’ai immédiatement perdu en vitesse tout en
sentant un effort physique nettement plus important.
Actuellement je me déplace de deux façons :
1.
En partant du pelvis
La gravite est une force
universelle contre laquelle nous sommes bien peu de choses. Au lieu
d’aller à son encontre à chaque pas, mes déplacements l’utilisent donc.
Concrètement ça veut dire que je me déplace en « tombant »
d’un pas sur l’autre et que mes jambes me récupèrent. Mon pelvis me
« tire » vers l’avant et vers le bas
2.
En partant du menton
Au lieu de partir du pelvis en
tombant à chaque pas, l’idée est cette fois d’être tiré par le menton, à
l’horizontale, ce qui enlève également la charge dans les jambes. Sans que la tête soit physiquement tirée vers l'avant évidemment pour éviter qu'elle perde son alignement avec le reste du corps.
Les deux méthodes présentent des
intérêts différents, et il est intéressant de les explorer également
dans des exercices comme « Walking Maho »
Commentaires
https://youtu.be/EszwYNvvCjQ
Le risque pour moi aussi en travaillant sur la pointe des pieds est de vouloir d'une part pousser dans le sol, et d'autre part d'amener le poids du corps sur les orteils ou au moins sur l'avant du pied, alors que naturellement il devrait tomber au niveau de la malléole, donc plus dans les talons