Enseigner en stage
L’enseignement en stage est très
différent d’un enseignement régulier, dans son dojo, a fortiori quand on
s’adresse à un public qui ne nous connait pas.
Au dojo, on construit quelque chose
dans la continuité, une certaine routine s’installe naturellement et on
travaille sur les détails correspondants à la direction choisie. D’une
certaine façon, il n’y a pas ou peu de surprise
pour les élèves et l’enseignant.
En stage en revanche, le temps
imparti étant plus court, il s’agit moins d’un travail de longue
haleine, mais de réussir à surprendre et à marquer les élèves pour
qu’ils en retirent quelque chose, ne serait-ce qu’une idée,
qu’ils pourront utiliser dans leur pratique, aussi différente soit-elle
de la nôtre. C’est un exercice parfois difficile, a fortiori quand on
ne connait pas le groupe qui nous reçoit, la façon dont ils pratiquent,
la direction choisie par leur enseignant.
Etant particulièrement stressé de nature, je me prépare pour ce genre
de stages, afin de m’assurer d’apporter quelque chose de pertinent au
groupe. Je ne prépare pas mon cours en lui-même, et c’est d’ailleurs
quelque chose que je ne fais pas non plus dans
mes cours réguliers : j’arrive sur le tatami sans plan particulier et
je déroule mon cours selon ce que je vois du ressenti des élèves, leurs
difficultés et l’intérêt qu’ils montrent.
Stage d'Aunkai à Singapour, Aikido Shinju Kai Dojo |
Ma préparation n’est donc pas de
l’ordre du plan de cours. En réalité elle consiste surtout à essayer de
percevoir le travail proposé dans le dojo en question. Quel est le
parcours de l’enseignant ? Quelle est leur lignée
et qui sont leurs référents techniques? Existe-t-il des vidéos
disponibles du dojo ? Sans modifier profondément la façon dont je
donnerai mon cours, ce travail en amont me donne l’occasion de réfléchir
et de ressentir le groupe et de repenser l’intérêt de
ma présence pour un stage et faire en sorte que personne ne reparte en
ayant eu l’impression d’avoir perdu quelques heures de sa vie.
En parallèle les stages sont pour
moi une occasion exceptionnelle de tester la qualité et la cohérence de
ma pratique avec des gens qui ne la connaissent pas. Faire fonctionner
une technique sur ses élèves réguliers est
finalement assez simple puisque nous utilisons des codes communs, mais
qu’en est-il avec des gens qui ne nous connaissent pas ? C’est aussi
l’occasion de tester ses idées sur un grand nombre de partenaires, avec
des tailles et des vécus différents, l’occasion
de tester grandeur nature les résultats de notre pratique et surtout
d’affiner.
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