Isao Machii a Hong Kong – May 2013
J’ai découvert
Isao Machii via le blog de Greg il y a quelques mois. On y voyait Machii sensei
réaliser des coupes particulièrement impressionnantes et notamment couper une bille airsoft tirée par un pistolet. J’avais été bien entendu impressionné par sa rapidité
tant d’exécution que pour analyser l’information (étant donnée la vitesse du plomb,
sa taille et sa trajectoire aléatoire, il y a peu de temps pour réfléchir). Il détient
aussi 4 records du monde : « Plus grand nombre de coupes sur un
tatami (suegiri) », « plus rapides 1,000 coupes au sabre », « plus
grand nombre de coupes de tatamis en 3 minutes » et « plus rapide
balle de tennis (708km/h) coupée par un sabre ».
Mais en dehors de ces exploits médiatiques, Isao Machii est surtout un pratiquant traditionnel, et chef de file du Shushinryu Iaijutsu hyoho. J’ai appris il y a une dizaine de jours qu’il était de passage à Hong Kong et bien évidemment malgré mon incompétence totale au sabre, la tentation était trop grande. A mon arrivée, quelle ne fut pas ma surprise de voir que nous étions… si peu nombreux. Une grosse dizaine peut être. Tant mieux pour nous mais ça me parait dommage pour les nombreux pratiquants d’Aikido par exemple (à noter que mon professeur d’Aikido était au courant et est passé voir une session, il a été assez surpris de me croiser la).
Nous avons réalisé
trois sessions de deux heures. La première s’est focalisée sur la façon de s’asseoir,
de se lever et de saluer. Deux heures la dessus peuvent paraitre longues, mais
les nombreuses explications historiques et mises en situation ont rendu l’ensemble
très digeste. On aura retenu l’importance de la verticalité, mais aussi de se
synchroniser a la personne en face lorsqu’on la salue pour éviter les mauvaises
surprises, l'angle de la tête pendant le salut qui évite de se faire boquer par
un adversaire qui surviendrait par derrière, la position du sabre a cote de soi
qui positionné a une certaine distance et d’une certaine façon permet d’éviter
sa saisie par un adversaire, dégainer en ayant le bras saisi, et bien d’autres
encore.
Nous avons ensuite réalisé des
exercices de Kenjutsu, pour d’abord aligner nos centres avant de chercher a
prendre le centre de l’autre. Je ne vais pas faire le détail des exercices, ce
qui aurait assez peu d’intérêt par rapport au ressenti des mouvements. Apres le
Kenjutsu, un gros travail a été fait à mains nues pour sentir le centre. A
nouveau un travail très fin, et qui m’a fait penser à la fois a Kuroda sensei
et a Akuzawa sensei, ce qui peut paraitre surprenant tant leurs pratiques différent…Visuellement
j’ai eu plus l’impression de voir Kuroda sensei, dans la façon de bouger et de
faire bouger son partenaire sans qu’il le sente. Il m’a par exemple amené d’une
position allongée sur le dos à une position debout sans aucune force en deux mouvements
seulement. Ma seule impression a été de m’envoler. Sa façon de bouger légèrement
penché sabre en main est également (je trouve) assez proche visuellement de ce
que fait Kuroda sensei. A côté de ça, l’utilisation des Kua a été particulièrement
explicitée, comme en Aunkai. Sur plusieurs projections, j’ai eu l’impression
que ma colonne était frappée de plein fouet, a nouveau comme en Aunkai.
Nous avons réalisé plusieurs « projections »
destinées à comprendre notamment la façon de trancher avec le sabre sans mettre
de force. Machii sensei a été très disponible et chacun a pu sentir et tenter
de le projeter. Ce qui n’est pas une mince affaire… autant mon partenaire (2e
dan de TKD) était assez facile à bouger tant il était crispé, autant Isao
Machii se rapproche plus d’Akuzawa sensei… Sans chercher à comparer les niveaux
de ces différents experts (ce dont je suis bien incapable), j’ai vraiment retrouvé
ici des principes profonds que j’avais vus avec Akuzawa sensei ou chez Leo, et
que je crois avoir perçu dans certaines vidéos de Kuroda sensei (ne l’ayant pas
touché, il est plus dur de se faire une idée).
Nous avons terminé par un
exercice particulièrement ludique : le lancer de sabre, pratique
traditionnelle sur les champs de bataille lorsque son camarade se retrouve
désarmé. Il existe donc une technique spécifique pour éviter de faire partir l’arme
dans tous les sens et de tuer soi-même ses amis.
J’ai vraiment passé un excellent
moment avec un maitre de très haut niveau et un groupe de pratiquants très
sympathique. C’était vraiment une belle initiative et j’espère que l’organisateur
est rentré dans ses frais.
Commentaires
Ton compte-rendu me fait beaucoup penser à ce que j'ai pu voir (en vidéo) de Yoshinori Kono.
Est-ce que tu peux me donner plus de détails sur cette partie là, si c'est faisable par écrit :
"l'angle de la tête pendant le salut qui évite de se faire boquer par un adversaire qui surviendrait par derrière, la position du sabre a cote de soi qui positionné a une certaine distance et d’une certaine façon permet d’éviter sa saisie par un adversaire"
Sylvainangle de la tte pendant le salut qui
Pour la partie du salut (qui prendrait 2.5 secondes à montrer), voilà ce que j’en ai compris. Les yeux sont dirigés vers l’avant et non vers le sol, ce qui a pour effet d’aligner l’ensemble de la colonne vertébrale. Quand on regarde vers le sol, si quelqu’un nous pousse la nuque vers le bas, il est très difficile de remonter. En revanche lorsque la colonne est alignée, la poussée repart comme un ressort avec l’action des bras sur le sol et il est facile de se débarrasser de Uke. Ce que j’en ai compris (mais c’est peut-être dû à mes filtres), c’est que la colonne alignée permet de remonter en utilisant les kua alors que la tête baissée oblige à remonter la nuque. Ne pas mettre de tension au point de contact fait une énorme différence.
Pour la position du sabre, il était a droite du corps, la tsuba alignée avec la pointe du genou et la lame vers soi, a 2 doigts de distance du corps. Si la personne en face décide de saisir notre sabre pour nous planter, cela permet d’un mouvement rapide de bloquer la lame dans le fourreau avec le genou droit. Si la tsuba est plus reculée, j’appuie mon genou dessus, me fait mal, et ne bloque pas la lame. Si l’arme est trop proche ou trop loin, je ne peux pas le bloquer correctement et risque de la pousser. Maintenant il faut aussi une grande rapidité et surement une utilisation particulière du corps pour placer le genou avant que l’adversaire ne saisisse l’arme. Face à lui c’était quasiment impossible.
J’espère que c’est clair, parce que je vais avoir du mal à faire beaucoup mieux par écrit :)
Sylvain